jeudi 22 mai 2014
Les lectures du soir (2)
"Nous nous séparâmes en deux groupes, Jill et moi entraînés vers ce qui était qualifié de suite-piscine. À l'abri d'un mur de trois mètres se nichait un jardin privé planté d'hibiscus, d'arbustes divers, et d'un fromager. La petite piscine nous était pareillement réservée. Dans le patio, nous trouvâmes une coupe remplie de bananes, de mangues, et d'ananas. (...) Ce havre était si proche de la perfection que nous ne voulions même pas nous avouer à quel point nous sentions privilégiés d'y avoir été conduits. Il fallait protéger de nos propres cris de joie l'incomparable nouveauté de ce lieu. Pendant des semaines ou des mois, nous retiendrions nos paroles en prévision de l'exquise soirée où une remarque inopinée susciterait la réminiscence. Je pense que nous partagions la conviction qu'une faute de voix malvenue peut effacer un paysage. Ce sentiment inexprimé était l'une des sources de notre lien."