"Il se rappelle cette séance primale de création littéraire, il se rappelle que sur le premier protège-cahier il avait inscrit le chiffre Un et qu'il avait ajouté un titre, Comancer, en ayant la brumeuse intuition qu'un jour viendrait où la question de la fin se poserait, un jour où il serait appelé à finir, mais plus tard, beaucoup plus tard, et, là-dessus, il se rappelle ce sentiment intense de non-retour qui le propulsait vers l'avant, qui l'autorisait ou plutôt le contraignait à rejeter la loi du collectif, la loi de la classe, et, au lieu de faire avec les autres des exercices de calcul, qui le poussait à remplir un troisième, puis un quatrième protège-cahier, et il se rappelle qu'au moment où il les numérotait, puis quand il les lissait du plat de la main avant d'y déverser du texte, il était parcouru par une vague d'exaltation très clairement due au fait qu'il ajoutait ainsi un nouveau tome à l'œuvre qu'il avait entreprise, à cette œuvre qui lui paraissait immense, et il se rappelle qu'au début de la rédaction du quatrième tome, et alors que la griserie se renforçait, il avait rencontré le regard questionneur de Mourma Yogodane... "